Anaclase
...c’est dans l’oscillation raffinée des harmoniques que débute l’œuvre, les archets qui délicatement font vibrer les métallophones immergeant les contrebasses dans une aura indicible, rehaussée par le souffle de grands fléaux. S’il vous a été donné de tenir un jour un archet de contrebasse pour mordre la corde, ou de vous être trouvé assez près de l’instrument, vous avez perçu cette granulosité inimitable du son, à la fois rauque et douce, comme un soupir : c’est à partir de cette morsure du métal et de la colophane, peut-être de la matière poudreuse de l’attaque de la corde alors exprimée par le crin, que surgit une sorte de vocalité qui, ce soir, contamine l’orchestre de ses paradoxes spécifiques. Outre ce travail fascinant sur le timbre, avec des col legno plus farouches auxquels souvent répondent des cuivres déclamateurs, voire chanteurs, 6 db happe l’écoute par son impermanence métrique qui induit la croisée de plusieurs gestes compositionnels, parfois ponctués de bruissements quasi campanaires. Passé une promenade plus drument rythmique, cet unique mouvement en arche regagne les friselis liminaires. Une nouvelle fois, Oscar Bianchi expulse au plus lointain l’horizon du connu